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Comment accompagner les personnes souffrant de TCA – Interview de la créatrice de Feeleat

À quelques mois du lancement de Feeleat, l’application destinée aux personnes souffrant de TCA et attendue par leurs soignants, Morgane Soulier sa créatrice nous parle de l’évolution de son projet.

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours, ce qui vous a amené à la création de Feeleat ? 

Morgane Soulier : J’ai 34 ans, je suis diplômée d’une école de commerce et j’ai débuté ma carrière professionnelle en tant que Chef de Projet Marketing et Communication chez Orange.
Alors que je souffrais  de Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), j’ai du arrêter de travailler. Entre hospitalisation, suivis médicaux par différents médecins, et diététiciens, des essais pour s’en sortir seule, des échanges avec d’autres patients, j’ai constaté que les TCA sont des maladies très difficiles à soigner.

Cela a été pour moi le début de mes échanges avec mon médecin sur mes ressentis, mes émotions, les évolutions de ma santé. J’ai été immédiatement convaincue que si cela était bénéfique pour moi ça le serait aussi pour les autres. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer  un carnet alimentaire pour prendre en considération le contexte des repas, les émotions, le ressentis, les réactions (vomissements, hyperactivité, etc.).

De quelle aide avez-vous bénéficié ? Comment avez-vous pu développer cette application, techniquement, financièrement ? 

Morgane Soulier : Au début, a l’été 2017, je suis partie de 0, avec une vision très précise de cette application et en me nourrissant des avis de la communauté que j’avais construite. Cette communauté je l’ai fédérée en 2015, pendant mon hospitalisation. L’isolement est un réel problème pour les personnes souffrant de ces maladies que sont l’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie et j’en passe. J’ai donc créé un compte Instagram pour partager et s’entraider en discutant de nos astuces pour aller mieux. Je me suis rendue compte que la plupart des photos postées par les internautes n’étaient pas des vrais repas de réalimentation. Moi j’avais la chance d’être dans un très bon établissement de soins, dans lequel les repas était bon, équilibrés et j’ai donc commencé à poster des photos de mes plats pour aider les autres membres de la communauté, de 7 500 abonnés aujourd’hui.

La barrière était donc technique et financière. Il m’a donc fallu identifier des partenaires juridiques, médicaux, techniques. j’ai fait des appels d’offres pour trouver une agence pouvant développer l’application que j’avais imaginée. J’ai également lancé une levée de fonds sur La cagnotte de proches, plateforme dédiée à l’aide de financement de projets à visée médicale. Des subventions du mécénat de l’Institut Mérieux et de BpiFrance nous permettent également de mener ce projet à bien.

Où en êtes-vous dans le développement de Feeleat aujourd’hui ?

TCA feeleat Morgane Soulier : Aujourd’hui Feeleat c’est bien plus que l’application que j’avais imaginé.

Nous avons lancé le 22 octobre dernier le nouveau site et un blog de partage. Les internautes peuvent y retrouver plusieurs rubriques, comme les témoignages, les associations et initiatives d’entraide que nous souhaitons mettre en avant. Nous rassemblons aussi des interviews de professionnels de santé  de toutes les spécialités pour parler de l’impact des TCA sur différents aspects de la santé. Nous proposerons également des cycles de conférences en ligne sur des thématiques précises pour échanger avec des professionnels, comme « Comment gérer les fêtes de fin d’année en famille ? »

Les réseaux sociaux nous permettent de sonder les besoins, les attentes, et partager les avancées du projet, le futur lancement de l’application prévu pour cette fin d’année. Il nous reste encore la phase d’identification des derniers bug.

Y a t-il un outil qui permet eu médecin de suivre son patient ? Le professionnel de santé a t-il accès à l’application ? 

Morgane Soulier : Suite au lancement de l’application, nous allons développer une interface médicale pour les professionnels qui suivent les patients. Pour chaque patient souffrant de TCA, il y un suivi au niveau psychique, nutritionnel, somatique, etc. En général il n’y a pas de contact entre les différents soignants.

L’interface permettra que ces soignants soient connectés entre eux, et suivent l’évolution du patient plus facilement. Une consultation ne permettant pas de balayer en détails tous les aspects de la maladie dans le temps, les soignants pourront consulter les données entrée par le patient via la plateforme.

Du côté de la sécurité, l’hébergement de cette plateforme se fera sur un service agréé par le Ministère de la Santé pour assurer le respect de la confidentialité. C’est aussi une des raison pour lesquels la date de sortie a été repoussée : nous tenons à être irréprochable juridiquement.

Quelle est votre vision de l’alimentation de demain ? Quelles sont selon vous les attentes et besoins des consommateurs en termes de produits ou services ?

Morgane Soulier : Je pense qu’il faut être vigilant sur ce que l’on voit dans les médias par rapport au réel besoin des consommateurs. Malgré les tendances, le nombre de vrais/strictes vegans ou végétariens est encore faible.

Je ne prône aucun type d’alimentation, chacun doit respecter ses besoins et ses envies, mais je crois qu’il est dangereux éliminer des catégories d’aliments. Cela développe de nouveaux types de TCA comme l’orthorexie qui relève de l’obsession sur la qualité des aliments. Culpabiliser les gens sur leur type d’alimentation mène à ce genre de maladies.

Certes nous allons être contraints de nous rediriger vers de nouveaux types de protéines pour pallier au manque de ressources environnementales, mais chacun doit continuer à écouter ses besoins pour rester en bonne santé.

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