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MeatLab Charal Alimentation et genre

L’assiette a-t-elle un genre ? Charal lance la discussion sur l’égalité homme/femme face à l’alimentation

Le 10 janvier dernier, l’agence FHCOM et le Pôle Média & Influence de Nutrikéo ont organisé pour Charal un #MeatLab regroupant scientifiques et professionnels des tendances consommateurs autour d’une table ronde animée par Grégory Dubourg. Après le flexitarisme, la marque leader de la viande en France, s’intéresse pour cette deuxième édition, à l’influence du genre sur les habitudes de consommation alimentaires. Nos choix alimentaires sont-ils dépendants de notre genre ?

De manière générale, l’assiette a-t-elle un genre ?

MeatLab Charal L'assiette a t-elle un genre ?

L’alimentation a-t-elle un genre ? La réponse est oui.

L’étude Kantar Worldpanel le confirme : les habitudes de consommation des hommes et celles des femmes sont différentes. Il existe bien des « stéréotypes de genre ». Les légumes frais sont un peu plus présents dans les assiettes des femmes que celles des hommes. À l‘inverse, ces derniers consomment plus de fromage, de pain, de viande fraîche et de charcuterie.

Quel que soit le sexe, les Français consomment des protéines animales quotidiennement, en moyenne près d’une fois par jour (fréquence de 6,4 à 6,5 fois par semaine).

Cependant, dans le détail, des différences existent. Certaines protéines animales comme le jambon blanc, le veau, le poisson, les œufs et la volaille fraîche sont plutôt féminines. Par ailleurs, des différences sont observées sur une même viande comme le bœuf. Les brochettes, l’haché ou le carpaccio seront plutôt consommés par des femmes alors que le tartare et l’entrecôte le seront en majorité par des hommes.

Ces différences de genre sont légèrement plus visibles selon les tranches d’âge et la situation familiale. Par exemple, la différence est plus prononcée chez les célibataires qu’en familles. Cela peut venir du fait qu’en famille on partage le même plat. De même, on observe chez les Millennials une différence de consommation de viande plus marquée entre les hommes et femmes que chez les 35-49 ans.

Les motivations de choix alimentaire varient peu en fonction du genre. Même si, la demande du sain/diététique est davantage observée chez les femmes.

Origine du phénomène

Les experts intervenant lors de la table ronde ont montré par des approches scientifiques, physiologiques, sociologiques et psychologiques les déterminants différenciant hommes et femmes. Voici ce qu’il en ressort :

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Approche scientifique : notre cerveau a-t-il un sexe ?

La réponse scientifique est nuancée. Catherine Vidal (Neurobiologiste et Directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur) nous l’explique : « il existe des différences entre les cerveaux des femmes et des hommes, notamment dans les zones du cerveau qui contrôlent les fonctions associées à la reproduction sexuée. Mais en ce qui concerne les fonctions cognitives (mémoire, intelligence, raisonnement), les femmes et les hommes ont les mêmes capacités cérébrales ».

Malgré ces connaissances, de nombreuses idées reçues persistent. Contrairement à ce que l’on pensait il y a 50 ans, les différences comportementales observées entre hommes et femmes ne sont pas liées à des différences biologiques du cerveau, mais plutôt à la pression sociale et aux stéréotypes sociaux existants.

Les études anthropologiques ont montré que dans la majorité des traditions culturelles, l’alimentation des femmes et des hommes n’est pas la même. Cependant, les sociétés contemporaines plus égalitaires tendent à estomper ces habitudes.

 

Approche physiologique : a-t-on les mêmes besoins nutritionnels ? 

Les recommandations du Plan National Nutrition Santé (PNNS) sont identiques en fonction du genre. Néanmoins, comme développé par Sylvie Avallone (Professeur de nutrition et sciences des aliments à Montpellier SupAgro), « il existe de vraies différences en matière de besoins nutritionnels entre les sexes sur certains aspects ».  Par exemple, les besoins en micronutriments des femmes peuvent varier en fonction des périodes de la vie (grossesse, allaitement, menstruation, etc.). Cela pourra influencer leur consommation en viande.

En ce qui concerne les apports énergétiques et protéiques, le genre ne rentre pas forcément en ligne de compte. Cependant, la stature et la corpulence des hommes impliquent une dépense énergétique plus importante et donc un apport conséquent. Tout dépend également de l’activité physique de la personne, indépendamment de son sexe.

 

Approche sociologique : partage-t-on les mêmes codes alimentaires ?

Comme l’explique, Jean-Pierre Poulain (Sociologue, anthropologue et spécialiste de l’alimentation), le genre à bien de l’importance dans les choix alimentaires, mais parmi un ensemble de facteurs sociaux (religion, revenus, niveau d’éducation, etc.).

Dans notre société, cette attitude différenciée envers la viande est historiquement présente. Par exemple la chasse constituait un point de l’entrainement des hommes à la guerre. De même, autrefois, « tuer le cochon ou amener les bêtes à l’abattoir [était] une affaire d’hommes alors que nourrir et tuer le lapin ou la volaille [était] une affaire de femmes ».  Les différences étaient alors déjà existantes.

Il est donc inscrit par habitude historique dans notre société que l’homme consomme de la viande.

À cette base historique s’ajoutent les phénomènes contemporains disant que « les femmes sont plus perméables aux arguments nutritionnels, véhiculés notamment par la presse féminine ». Les femmes consomment en priorité des volailles dans la perspective de contrôle de poids et afin de s’éloigner de l’animalité, pour aller vers plus de végétal.

 

Approche psychologique : la séduction homme-femme dicte-t-elle nos choix alimentaires ?

Caroline Weill (Psychologue clinicienne et psychanalyste) explique qu’il y a bien un « sexisme qui va régner sur le choix des aliments, mais qui dépend de la situation et du moment de la vie ».

Culturellement, on n’élève pas les filles et les garçons de la même manière. « L’enfant est imprégné de l’environnement et de la culture auquel il va s’identifier et qui vont déterminer ses choix alimentaires ».

  • En effet, « la petite fille est davantage élevée dans l’idée de plaire et de séduire ». On observe une dévalorisation de la notion de plaisir et une banalisation de la privation.
  • La nourriture est associée à l’idée de force nécessaire aux garçons contrairement aux filles qui, selon l’usage pour les mères, sont plus délicates. Il mangera en plus grande quantité à l’âge adulte pour montrer sa virilité.

Selon nos experts, ce conditionnement social et psychologique depuis l’enfance influence la place de la séduction dans nos choix alimentaires.

 

La problématique du genre dans les choix alimentaires est donc plurifactorielle avec des aspects scientifiques, physiologiques, sociologiques et psychologiques.  De plus, le rapport à l’alimentation évolue toujours en tension entre la convivialité du repas partagé et l’individualisation de ce que nous mangeons.

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