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🚜 [Filières agricoles] JFN: L’équilibre entre protéines végétales et animales ?

Les exploitations agricoles françaises sont riches de leur diversité et de la qualité des matières premières qu’elles fournissent. Pour ce troisième épisode de la saga filières agricoles, nous avons décidé de les mettre en valeur à travers un sujet d’actualité qui fait débat : Protéines végétales et animales, quel équilibre pour une alimentation durable ? A l’occasion des Journées nationales Francophones de la Nutrition (JFN), nous avons eu l’occasion de participer à l’atelier organisé par Interbev, l’interprofession de la viande et Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales.  Ensemble, ils proposent une réflexion sur l’équilibre entre protéines végétales et animales. Cela prend forme à travers 3 axes : nutritionnel, agronomique et terrain avec le témoignage d’un agriculteur. Nous vous proposons donc une synthèse de cet échange.

Pourquoi faut-il consommer des protéines végétales et animales?

Aujourd’hui les alternatives aux protéines animales, au profit d’alternatives végétales apparaissent dans les rayons. C’est pourquoi, plus que jamais, la question de l’équilibre entre protéines animales et végétales se pose en matière de nutrition. Pour comprendre les enjeux de cet équilibre, nous nous demandons dans un premier temps pourquoi faut-il consommer des protéines ? Les protéines contiennent des acides aminés, que nous sommes capables ou non de synthétiser. C’est-à-dire que certains acides aminés doivent être obligatoirement apportés par l’alimentation : ce sont les acides aminés essentiels. Ils sont présents en quantité suffisante dans les protéines animales mais de manière insuffisante dans les protéines végétales.

De plus, une alimentation comprenant des protéines animales permet de limiter les carences en vitamine B12 et en fer. Ils sont également sous représentés dans les protéines végétales. Par nos besoins en acides aminés essentiels, en vitamine B12 et en fer, on comprend l’intérêt de varier les sources de protéines.

Les légumineuses peuvent participer à la réponse de nos besoins quotidiens. Elles ont une teneur élevée en protéines et une composition en acides aminés essentiels favorable par rapport aux céréales. Elles sont donc une source intéressante de minéraux et de vitamines. Augmenter la consommation de graines de légumineuses, qui est à l’heure actuelle limitée en France, présente donc d’importants intérêts nutritionnels.

Qu’en est-il des recommandations ?

Aujourd’hui, les Français consomment environ 1,3g/kg/j[1] de protéines contre les 0,83g/kg/j[2] recommandés par l’ANSES. Ici, la conclusion est que nous consommons plus de protéines que nos besoins. Il est donc possible d’abaisser sensiblement la consommation de protéines. Il faut tout de même rester vigilant car les besoins évoluent avec l’âge. C’est pourquoi les besoins des personnes âgées s’élèvent à 1g/kg/j.[2]

Nous assistons aujourd’hui à une contradiction entre la volonté de diminuer globalement la consommation de protéines versus la volonté de remplacer la part de protéines par des protéines végétales. Ce qui est important à prendre en compte dans la durabilité des systèmes alimentaires est que tout est une question d’équilibre.

Rééquilibrer le ratio entre les protéines animales et végétales, et diversifier notre alimentation permettra de couvrir naturellement l’ensemble de nos besoins nutritionnels, et ceci avec des consommations modérées permettant de limiter les risques pour la santé.

Didier Remond – Directeur adjoint de l’Unité de Nutrition Humaine de l’INRAE, Clermont-Ferrand

Un équilibre entre protéines végétales et animales à l’échelle de l’exploitation agricole

L’élevage, une partie de la solution

L’équilibre entre protéines animales et végétales existe dans l’assiette, et au champ. L’impact de l’élevage sur le réchauffement climatique est indéniable. Mais l’animal est également une partie de la solution en matière de complémentarité et de durabilité agroécologique.

En effet l’élevage a la qualité de :

  • Pouvoir valoriser toutes les parties des végétaux
  • Entraîner un stockage de carbone important grâce aux prairies
  • Entretenir des zones qu’il est le seul à pouvoir valoriser
  • Créer la diversité des habitats et favoriser la biodiversité
  • Réduire l’indice de traitement des zones vis-à-vis des zones céréalières
  • Participer à la fertilité du sol grâce aux effluents.

L’utilisation des déjections de mes animaux sous forme de fumier donne un fertilisant de qualité pour mes terres, en apportant de la matière organique. La complémentarité entre grandes cultures et élevage est un vrai gage d’équilibre agronomique et de bonne utilisation de mes terres en fonction de leur potentiel.

Antoine Carre, éleveur et producteur de légumineuses, participant au débat des JFN’s live

La culture de légumineuses dont nous avons mentionné les intérêts nutritionnels pourrait être valorisée par l’élevage et nous amener à une autonomie protéique. En effet, l’élevage a la capacité de valoriser toutes les productions de légumineuses, tout en rendant au sol des qualités agronomiques intéressantes. Et les légumineuses ont la capacité de capter l’azote atmosphérique et de le restituer au sol. Un bon exemple de complémentarité des systèmes !

Nous avons besoin des prairies et des surfaces valorisées par les ruminants pour relever des défis de durabilité, comme l’atténuation du changement climatique grâce au stockage carbone par exemple, ou encore la biodiversité.

Jean-Louis Peyraud – Directeur scientifique adjoint agriculture d’INRAE

Un cercle vertueux

Il apparaît donc essentiel de comprendre l’existence de synergies entre cultures et élevages : les deux sont nécessaires pour une agriculture durable. C’est un cercle vertueux.

cercle vertueux protéines végétales et animales

Ainsi, cette complémentarité entre protéines végétales et protéines animales permet de répondre aux enjeux actuels et futurs car ce système contribue à :

  • Une souveraineté alimentaire, qui apparaît plus que jamais nécessaire
  • Egalement à une autonomie protéique des systèmes grâce aux légumineuses
  • La réduction des pertes de biomasse, les émissions de gaz à effet de serre et les pesticides
  • Et enfin, la favorisation de la fertilité du sol, la santé des écosystèmes et la biodiversité

L’opposition végétal vs animal est donc une vision bridée des enjeux de la sécurité alimentaire. L’impact des élevages doit être réduit mais n’oublions pas qu’il participe au développement des systèmes alimentaires circulaires durables entre filières et utilisation des prairies. Au même titre que la culture des légumineuses dont on reconnaît les intérêts et qui commence à être valorisée. L’élevage et la culture affiche une multifonctionnalité : en tant que producteurs d’aliments, et en tant que producteurs de biens et services aux écosystèmes et à la biodiversité. Cette multifonctionnalité est à prendre en compte dans les réflexions sur le développement de systèmes de production durables.


[1] INCA 3

[2] ANSES 2019

Crédits photos: #284433743– © Iblionova – stock.adobe.com

Un article écrit avec Honorine Ouin, assistante Chef de Projet, merci à elle !

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