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Substituts végétaux: la bataille des mots

L’engouement pour les substituts végétaux au lait, à la viande, au fromage et au poisson ne se dément pas. Entre controverses et success-stories, la bataille sémantique fait rage. Les expressions « steak de soja » ou « lait d’amandes » sont-elles autorisées ? Difficile de s’y retrouver ! Décryptons la situation avec les dernières décisions réglementaires européenne et française.

Le parlement européen dit oui aux « steaks vegan » et non aux « yaourts végétaux »

Le 23 octobre dernier s’est tenu le vote de la nouvelle Politique Agricole Commune. Les eurodéputés se sont alors prononcés sur l’usage de la dénomination des produits végétaux.

  • le Parlement européen a voté contre un amendement visant l’interdiction des dénominations telles que « steak », « saucisse » ou encore « filet » pour les produits à base de légumes ou de céréales sans viande animale mais qui imitent leur texture. Le Parlement européen autorise par conséquent les expressions « steak de soja » ou « saucisse végétale » ;
  • les eurodéputés ont en revanche bien adopté un amendement interdisant les noms « yaourt », « fromage » ou « crème » pour les produits sans lait animal. Cette interdiction va encore loin en s’appliquant également aux produits non alimentaires. Les eurodéputés n’autorisent donc pas l’expression « gel douche au lait de soja ». Pas plus que les expressions de comparaison comme « saveur crémeuse » ou « substitut de beurre ».

Notons toutefois que les expressions utilisées de longue date comme le lait d’amandes, le lait de coco ou le beurre de cacao bénéficient d’une exception et restent autorisées.

Résumons donc : il y autorisation pour le « steak de légumes », pas pour le « lait de soja » mais on autorise le « lait de coco »… Incohérent, direz-vous ?

A première vue, il est effectivement surprenant que les dénominations concernant le lait et la viande reçoivent des traitements différents. Le Parlement semble avoir tranché en faveur d’une tolérance pour les substituts végétaux à la viande dans un contexte où la réponse aux questions environnementales et de santé plébiscitent une alimentation tournée vers le végétal.

Par ailleurs, chaque état-membre peut décider de suivre ou d’aménager ces dispositions. La France a choisi d’adopter un avis différent concernant les substituts à la viande.

Pas de « steaks végétaux » en France

Le débat faisait rage dans l’Hexagone et les députés ont tranché, en mai dernier. Le 27 mai 2020 a eu lieu l’adoption définitive de la proposition de loi relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires. L’article L. 412-10 du code de la consommation précise désormais que « les dénominations utilisées pour désigner des denrées alimentaires d’origine animale ne peuvent être utilisées pour décrire, commercialiser ou promouvoir des denrées alimentaires comportant des protéines végétales ».

A la différence de la réglementation européenne, l’expression « steak végétal » est donc interdite.

On attend actuellement un décret d’application de la loi pour préciser les sanctions encourues en cas de manquement.

Quelles implications de la réglementation de ces substituts végétaux, pour vous, professionnels du secteur ?

Pour de nombreux acteurs du marché des substituts végétaux à la viande, cette divergence entre les règlementations européenne et française a un impact direct sur l’utilisation des marques et des termes utilisés pour désigner les produits.

Quant à l’étiquetage des produits en France et dans les autres produits européens, on attend d’autres arbitrages. Une chose est sûre, les substituts végétaux n’ont pas dit leur dernier mot… Affaire à suivre donc !

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Photo libre de droits © Polina Tankilevitch – pexels.com

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