Ce mercredi 22 septembre, France Stratégie a publié le Rapport Pour une alimentation saine et durable, commandé par l’Assemblée Nationale. Culture Nutrition revient sur le contenu de ce document décisif pour le futur de notre alimentation, qui prône une transformation profonde et rapide.
L’alimentation : enjeu des décennies à venir
Voici comment débute le Rapport Pour une alimentation saine et durable :
L’enjeu […] : celui de la rencontre entre les préoccupations de santé que portent les politiques de l’alimentation tournées vers la nutrition, et les objectifs environnementaux, économiques et sociaux des politiques tournées vers l’alimentation, au sens d’offre de produits agricoles et
Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie
agroalimentaires.
On comprend tout de suite que, ça y est : la prise de conscience quant à l’importance de la nutrition a eu lieu. Dans les plus hautes sphères de l’État. Et nous nous en réjouissons. Car la nutrition selon nous, c’est à la fois :
- Notre alimentation quotidienne : nos choix alimentaires, la manière dont les aliments sont produits, acheminés, transformés, avec toutes les conséquences que l’on connait sur notre environnement.
- Mais aussi notre santé à long terme : on prévient et on prend en charge des maladies grâce à la nutrition. Avec toutes les conséquences que l’on connait sur notre société et notre système de santé.
La nutrition, ce n’est donc plus un mot pour faire joli. C’est l’enjeu des décennies à venir.
Vers un regroupement du PNNS et du PNA ?
Serions-nous à l’aube d’un rapprochement des actions du Ministère de la Santé et du Ministère de l’Agriculture ? Qui jusqu’à présent portaient respectivement et séparément le PNNS (Programme National Nutrition Santé) et le PNA (Programme National pour l’Alimentation). C’est en tout cas ce que laisse entendre le rapport.
Depuis la mise en place de politiques de santé publique, il est difficile d’établir un bilan très précis mais quelques victoires ont été obtenues : sur la consommation de fruits et légumes, ou sur le surpoids. C’est bien mais ce n’est pas suffisant. Il est temps de passer à la vitesse supérieure pour plus de résultats sur l’épidémie d’obésité, sur les maladies à implication nutritionnelle au sens large, et sur la capacité de notre alimentation a être saine pour les Hommes et pour la planète. Pour être plus efficace dans cette lourde tâche, il faut de toute évidence agir de concert.
La santé et l’environnement : des préoccupations étroitement liées
C’est ce qu’affirment la FAO et l’OMS. C’est ce à quoi la Loi Climat et Résilience aspire. Et c’est aussi ce que le Rapport pour une Alimentation saine et durable avance. On sait désormais que pour tendre vers une alimentation plus saine tout en préservant les terres agricoles, il faut transformer nos modes de production en profondeur. Il s’agit par exemple de développer l’agroécologie et de reconquérir une autonomie alimentaire.
Quels prémices en matière de nutrition ?
A ce stade, le rapport est le point de départ d’une réforme à venir. Les préconisations ne sont donc pas encore concrètes. Mais cela étant dit, il divulgue quelques pistes en rupture par rapport à nos habitudes nutritionnelles actuelles :
- Adopter une alimentation contenant moins de viande de bœuf. Bien sûr, la plupart d’entre nous avons déjà conscience de cette nécessité. Mais l’écrire noir sur blanc dans un rapport officiel, c’est très engageant.
- Ce qui est plus nouveau, c’est ce 2e point : avoir une alimentation comportant moins de produits laitiers. Au pays des 1 000 fromages, c’est ce que l’on appelle une transformation profonde.
- Un 3e point se démarque également du rapport pour une alimentation saine et durable : la consommation d’alcool, qui demeure trop importante et préoccupante au regard de ses conséquences avérées sur la santé.
- Un 4e axe majeur porte également sur l’ultra-transformation des aliments. Ce point est précisément à la croisée des chemins entre santé et agriculture : si on produit mieux et que l’on transforme moins, on tendra probablement vers une alimentation plus saine et plus durable.
Agir sur les populations
La France a la « chance » de posséder un système alimentaire plutôt solide. Mais un point de vigilance est apporté aux populations les plus démunies. Les inégalités sociales en matière d’alimentation sont plus marquées aujourd’hui qu’hier, et les demandes d’aide alimentaire ont augmenté cette dernière année.
Le Rapport pour une Alimentation saine et durable évoque également le rôle essentiel de l‘éducation à l’alimentation. On pourrait penser que l’on enfonce des portes ouvertes en écrivant cela. Mais cela fait des années que nous sommes nombreux à nous battre pour inscrire la nutrition dans les programmes scolaires. Ce Rapport a le mérite d’officialiser cette nécessité d’éduquer. Ce point de l’éducation à l’alimentation touche aussi bien sûr à l’information du consommateur. Et donc aux initiatives telles que le Nutri-Score.
Qui est France Stratégie ?
France Stratégie est une institution autonome placée auprès du Premier ministre. Elle contribue à l’action publique par ses analyses et ses propositions. Elle anime le débat public et éclaire les choix collectifs sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Elle produit également des évaluations de politiques publiques à la demande du gouvernement. Les résultats de ses travaux s’adressent aux pouvoirs publics, à la société civile et aux citoyens.
Vous pouvez consulter le rapport complet ici ⬇
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