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Que dit le 6e rapport du Giec sur l’alimentation et la santé ?

Lundi 28 février, le GIEC a publié son 6e rapport sur le climat. Le groupe de travail était très attendu sur cette partie qui est dédiée aux impacts du changement climatique. Voyons ce que les experts disent des questions en lien avec l’alimentation et la santé. Ce n’est pas rose, vous vous en doutez. Mais autant affronter la réalité pour agir en conséquence.

Ne pas dépasser +1,5°C.

Dans ce 6e volet publié par le Giec, il n’y a plus aucun doute sur le changement climatique à venir. Les conclusions s’intéressent à ce qui va se produire, pas à si cela va se produire. Ce qu’il faut retenir :

  • Si nous parvenons à rester sous les +1,5°C (nous sommes déjà à +1,2°C et +2,7°C sont prévus à la fin du siècle), alors il existe des solutions pour permettre à l’Homme de s’adapter. Au-delà de ce seuil de +1,5°C, les experts s’accordent à dire que les options d’adaptation actuellement disponibles seront beaucoup moins efficaces. Et qu’à l’inverse, « il existe une confiance dans le fait que la limitation du réchauffement à 1,5 °C entraînera des réductions nettes moins importantes des rendements des principales cultures, ce qui aura une incidence sur la disponibilité des aliments et la nutrition ».
  • Quelles que soient les mesures prises à partir de maintenant, nous serons tous concernés à la surface du globe, y compris en France.

Pour tenter d’atteindre cet objectif, les mesures à prendre doivent être immédiates et radicales.

Inventer un système alimentaire plus innovant, résilient et collaboratif.

Selon les études compilées, on sait d’ores et déjà que l’augmentation des températures affectera la disponibilité des aliments et la nutrition, et aura un effet négatif sur le bétail par le biais de changements dans la qualité des aliments, la fertilité, la production, la propagation des maladies et la disponibilité de l’eau.

Les impacts projetés par le Giec sur notre alimentation

Il nous semblait important de reprendre ici les impacts concrets du changement climatique au sujet de l’alimentation :

  • Le changement climatique rendra certaines zones actuelles de production alimentaire inadaptées : jusqu’à 1/3 des zones exploitées aujourd’hui à l’horizon 2100.
  • Les impacts sur la disponibilité des aliments et la qualité nutritionnelle augmenteront le nombre de personnes exposées à la faim, à la malnutrition et à la mortalité liée à l’alimentation. Les zones les plus concernées seront l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique centrale (jusqu’à 80 millions de personnes concernées dans le pire des scenarii).
  • L’augmentation des concentrations de CO2 réduira la densité des nutriments dans certaines cultures.
  • Le changement climatique augmentera la perte d’années de pleine santé, jusqu’à 10 % en 2050 en raison de la dénutrition et des carences en 10 micronutriments.
  • Le changement climatique exposera de plus en plus les animaux au stress thermique, réduisant ainsi la santé animale et la production de lait et de viande. L’une des conséquences directe sera l’augmentation du coût des aliments qui en sont issus.
  • Du début à la fin du siècle, l’élevage des bovins, ovins, caprins, porcins et volailles dans les basses latitudes sera largement impacté (de 72 à 136%) par l’augmentation des températures.
  • Le changement climatique réduira l’efficacité des agents pollinisateurs. Ces espèces disparaissent de certaines zones ou alors la coordination entre l’activité des pollinisateurs et la réceptivité des fleurs est perturbée dans 25 régions.
  • Le changement climatique modifiera de manière significative les services d’approvisionnement en nourriture aquatique et la sécurité de l’eau. La biomasse animale des océans du monde entier diminuera de 5 à 17 % d’ici 2100, avec un déclin moyen de 5% pour chaque 1°C de réchauffement.. L’exemple fréquemment cité est la disparition des sardines en Méditerranée.
  • Le changement climatique aura un impact négatif sur la sécurité alimentaire. Des températures et une humidité plus élevées favoriseront les agents pathogènes d’origine végétale et animale.

Des adaptations à démultiplier immédiatement

  • La productivité à long terme et les services écosystémiques tels que la lutte contre les ravageurs, la santé des sols, la pollinisation et la protection contre les températures extrêmes.
  • La nécessité d’un soutien institutionnel et financier immédiat, avec un travail de pédagogie sur cette dimension financière : les investissements réalisés aujourd’hui seront moins onéreux que ce que nous devrons débourser plus tard pour réparer et lutter contre les catastrophes.
  • Une bioéconomie durable reposant sur les bioressources et l’économie circulaire, soutenue par l’innovation technologique ainsi que par la coopération internationale et la gouvernance du commerce mondial afin de décourager les déviances environnementales et sociales.
  • La gouvernance transfrontalière adaptative pour favoriser la distribution équitable des récoltes et des revenus.

Impliquer les institutions, les gouvernances et les financeurs

Grâce à une adaptation proactive, opportune et efficace, de nombreux risques pour la santé et le bien-être de l’Homme pourraient être réduits, voire évités. Aujourd’hui, le soutien financier à l’adaptation de la santé ne représente que 0,5 % des 36 projets multilatéraux de financement du climat. C’est insuffisant.

Les investissements du secteur public dans l’adaptation de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche ont été multipliés par quatre depuis 2010. Mais c’est insuffisant aussi. Le Giec précise que les options de gestion actuellement disponibles ont le potentiel de compenser les pertes de production dues au changement climatique jusqu’à un réchauffement de ~2°C. Mais les impacts négatifs, même avec une adaptation, augmenteront considérablement à partir du milieu du siècle dans les scénarii de changement de température élevée.

A bon entendeur.

Mieux comprendre le travail du GIEC

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est l’organe des
Nations Unies chargé d’évaluer les travaux scientifiques consacrés aux changements climatiques.
Créé en 1988 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et
l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il a pour mission de fournir aux décideurs, à
intervalles réguliers, des évaluations scientifiques concernant les changements climatiques,
leurs conséquences et leurs risques et de présenter des stratégies d’adaptation et d’atténuation.
La même année, l’Assemblée générale des Nations Unies approuvait cette initiative de l’OMM et
du PNUE. Le GIEC compte 195 États Membres.

Le GIEC compte trois groupes de travail: le Groupe de travail I se charge des éléments
scientifiques de l’évolution du climat, le Groupe de travail II des impacts, de l’adaptation et de
la vulnérabilité, et le Groupe de travail III de l’atténuation du changement climatique.

Poursuivre vos lectures sur le climat

Consulter les conclusions du Giec n’est pas chose facile, tant la masse d’informations est colossale. Toutefois, le rapport complet et ces synthèses sont disponibles en accès libre ici. Et quelques synthèses très bien faites commencent à être publiées, comme celle-ci :

Synthèse du 6e rapport du Giec publiée par Bon Pôte.

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