Après avoir traité du flexitarisme, de l’impact du genre et du digital dans l’alimentation et aussi des paradoxes de consommation, Charal a choisi de parler de l’intestin, ce 2e cerveau, lors de son dernier MeatLab. De nombreuses questions gravitent autour de ce sujet : quelles interactions peut-il y avoir entre notre intestin et notre cerveau ? Est-ce qu’il y a un maître à bord, une sorte de lutte de pouvoir entre les deux ? Quel rôle joue notre intestin 2ème cerveau dans notre équilibre et notre bien-être ?
Lorsque l’on interroge les Français, la notion d’intestin comme 2e cerveau n’est pas évidente.
C’est ce que révèle l’étude OpinionWay / Charal.
Un peu plus de 6 Français sur 10 déclarent avoir déjà entendu parler de l’idée que leur intestin serait leur 2ème cerveau… Sans pour autant avoir une idée très claire de ce que l’on met derrière cette notion :
- 40% des Français ne savent pas pourquoi on l’appelle le 2ème cerveau
- 13% affirment qu’il est le reflet de nos émotions (avec une priorité pour les émotions négatives)
Cependant, le lien entre alimentation et confort digestif est bien intégré par les Français : ce que je mange impacte la façon dont mon ventre va réagir.
- Plus de 1 Français sur 2 déclare souffrir de problèmes intestinaux de manière régulière.
- Selon eux, plusieurs facteurs sont garants d’un bon confort intestinal : une bonne alimentation (86%), une bonne hydratation (69%), un bon sommeil (69%) et un bon état de santé (63%).
Le lien entre le confort digestif et le psychisme est quant à lui plutôt clair sur le papier mais pas forcément maîtrisé lorsque l’on rentre dans le détail :
- 88% des Français estiment que les problèmes intestinaux peuvent impacter leur état émotionnel. L’inverse est aussi vrai… Un état émotionnel négatif, comme le stress par exemple, impacte le confort digestif pour 58% des Français.
- Pourtant, lesFrançais n’ont pas conscience de l’importance de consacrer un temps dédié aux repas : 71 % des Français mangent en faisant une autre activité !
Enfin, le lien entre alimentation et psychisme n’est vraiment pas évident pour une grande partie des Français.
- Bien que la majorité des Français estime que leur alimentation agit sur leur état émotionnel (81%), ils sont près de 20% à penser que cela n’a aucun impact.
- En matière d’alimentation, lorsque l’on souhaite se faire du bien aussi bien à la tête qu’au corps, on va retrouver les féculents, les légumes et les yaourts, ainsi que la viande rouge qui se hisse parmi les aliments privilégiés.
Notre intestin, ce 2e cerveau, et notre cerveau sont étroitement interconnectés
L’intestin a lui un système nerveux, nommé le système nerveux entérique. Il comporte environ 1 milliard de neurones (sur 10 milliards au total), soit 10% des neurones du corps. Ces 2 cerveaux communiquent sans arrêt. 80% des neurones de l’intestin sont afférents c’est-à-dire qu’ils envoient des informations au cerveau et 20% sont efférents c’est-à-dire qu’ils reçoivent des informations du cerveau.
En comparaison, les yeux, ce sont 1 million de neurones. Les goûts et les odeurs, 50 000 neurones.
L’intestin est tellement important qu’il est passé de flore à microbiote intestinal et a désormais un statut d’organe.
Selon Isabelle Descamps, diététicienne-nutritionniste
Si l’intestin est mal nourri ou stressé, ses cellules vont s’affaiblir. Il absorbera moins bien les nutriments et les cellules vont s’écarter laissant passer les toxines et autres intrus. C’est ce que nous appelons le leaky-gut ou perméabilité intestinale, responsable d’un grand nombre de maladies notamment auto-immunes et inflammatoires.
Cela a été mis en évidence : notre cerveau et notre intestin sont intrinsèquement liés. Les véritables liants entre nos 2 cerveaux sont le système nerveux pour la partie chimique (le nerf vague, les neurotransmetteurs…), et aussi l’alimentation, pour la partie rationnelle et émotionnelle.
Une alimentation vraie pour un intestin (et un cerveau) en bonne santé
Pour favoriser une meilleure assimilation des nutriments, améliorer la santé de notre microbiote et donc l’axe intestin-cerveau, il est essentiel de retourner aux basiques avec une nourriture vraie.
Les experts entendent par-là : diversifier son assiette avec toutes les familles d’aliments, mais aussi consommer des aliments bruts non transformés qui ont gardé leur matrice nutritionnelle.
Une étude a montré que manger 25 fruits et légumes différents chaque semaine pendant 6 semaines augmente la variété du microbiote de 30% !
Selon Gilles Mithieux, Directeur de Recherche au CNRS – neurobiologiste :« Manger diversifié est très positif pour le microbiote : les populations de bactéries diversifiées vont alors pouvoir se développer. »
Même si l’on a un microbiote peu diversifié comme certains patients obèses, il ne faut pas désespérer : ces microbiotes ont la capacité de transformer les fibres ou les protéines en éléments positifs pour la santé, et cela va très vite : des études montrent qu’en 3/4h le microbiote peut changer après avoir mangé un repas bon pour la santé.
Les fibres et les protéines jouent un rôle capital
Les végétaux sont essentiels pour leur apport en fibres afin de nourrir notre microbiote en prébiotique notamment. Mais aussi, la glutamine, que l’on retrouve dans la viande, comme le bouillon d’os par exemple, est l’autre substrat nourricier des cellules de l’intestin qui permet de conserver la perméabilité intestinale et le renouvellement des cellules.
Sur le moral, « la littérature est très claire, les régimes riches en fibres et en protéines ont des effets anti-stress et anti-anxiété, dépendant du glucose produit par l’intestin »,explique Gilles Mithieux.
Il y a un donc un lien entre alimentation et émotions.
D’une manière générale, cela a été démontré chez l’animal : il y a une association extrêmement importante entre une alimentation riche en graisse et en sucres et des symptômes d’anxiété et de dépression.
L’alimentation intuitive, pour être bien dans sa tête et dans son corps ?
Les Français ne font pas le lien entre l’état de stress et leur système intestinal. Certaines expressions parlent pourtant d’elles-mêmes : « avoir la boule au ventre » ou « ne pas digérer telle ou telle situation »
Céline André, sophrologue
Les experts s’accordent sur le rôle primordial de la pleine conscience.
En effet, pour Céline André : « Manger en conscience permet de retrouver des sensations entre sa tête et son intestin 2ème cerveau. C’est donc primordial pour nos 2 cerveaux car cela peut entraîner des conséquences positives très fortes sur notre santé et sur notre bien-être ».
Si l’on regarde la DME, la Diversification Menée par l’Enfant, on observe que jusqu’à l’âge de 7 ans, si on pose plein d’aliments sur la table, l’enfant va être à l’écoute de ses besoins. À ce moment-là, la tête et le corps ne sont pas coupés.
Pour finir, nous avons tous un microbiote différent et nous n’avons pas besoin de tous manger la même chose.
On retiendra donc la nécessité de s’écouter, de manger en conscience et évidemment de redonner sa juste place au plaisir avec des aliments de qualité et variés.
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