Les recommandations nutritionnelles ont fêté leurs 20 ans en France. L’occasion de se poser sur leur impact, et les enjeux à venir au regard du monde qui nous entoure et de l’évolution de nos besoins. En effet, la nutrition est une science vivante ! Sujet de fond, nous y dédions une Tendance de notre Carnet des Tendances.
Un environnement nutrition en pleine mutation
Des attentes consommateurs qui évoluent[1]
Les critères d’achat évoluent. Si le plaisir reste le premier driver, le prix devient de plus en plus important dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. De plus, les préoccupations environnementales pèsent aussi : végétalisation de l’alimentation, produits locaux, impact carbone… même si la santé reste toujours un critère prioritaire.
Or ces évolutions mettent du temps à être reflétées dans les recommandations nutritionnelles.
Émergence de nouveaux façonneurs d’opinion
Les scores de notation simplifiés, très visuels, se sont multipliés ces dernières années. Ils vont de plus en plus au-delà de la composition nutritionnelle : transformation, origine, impact environnemental, …
Si ces systèmes peuvent présenter des limites (crédibilité scientifique, sur-simplification du message, perte de pédagogie sur l’équilibre alimentaire, vision négative de l’alimentation), il faut reconnaitre qu’ils évoluent beaucoup plus vite que les recommandations de santé publique. Ils présentent donc l’avantage d’accélérer la prise de conscience sur de nouveaux sujets, et peuvent être considérés comme des précurseurs des thématiques qui seront reprises dans le futur dans les recommandations nutritionnelles.
Des recommandations nutritionnelles à faire évoluer sur le fond et la forme
Attentes consommateurs, évolution des habitudes alimentaires, et nouveaux façonneurs d’opinion évoluent vite. En parallèle, les politiques de santé publique peinent à obtenir des effets significatifs : une étude récente a encore montré que la qualité nutritionnelle de l’alimentation n’avait quasiment pas évolué depuis 30 ans[2]. Comment les faire évoluer vers plus d’efficacité ?
Quelles évolutions à venir sur le fond des recommandations nutritionnelles ?
Sur le fond, plusieurs éléments importants selon nous :
- Besoin d’une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, et de traiter ensemble les sujets de santé et durabilité, les deux étant étroitement liés.
- Nécessité de recommandations plus claires sur le végétal. C’est dans ce sens que viennent d’évoluer les recommandations nutrition en Espagne : réduction de la viande, belle part aux légumineuses, …. Les marques peuvent intervenir dans l’éducation sur le végétal. Par exemple, Knorr et Elior ont développé un livre de recettes basées sur les ingrédients végétaux de demain, alliant nutrition en environnement.
- Urgence à mieux adresser les inégalités en termes d’alimentation, d’autant plus avec l’augmentation de la précarité alimentaire. Notons l’initiative lancée par Leclerc pour des repas équilibrés à 1€ :
Comment donner plus d’impact aux recommandations nutritionnelles ?
Faciliter l’appropriation par les populations, en adaptant la réponse par cible, et créer un environnement propice aux changements nous paraissent des pistes essentielles :
- Développer davantage l’utilisation d’outils marketing : influenceurs, réseaux sociaux, applis ou podcasts pour plus d’impact et de portée. C’est dans ce sens qu’a été développée la campagne digitale du PNNS « En deux-deux ».
- Remettre l’éducation alimentaire et nutritionnelle au cœur. Cela peut se faire à l’école mais également via d’autres leviers, et les professionnels de santé ont un rôle essentiel à jouer.
- Utiliser des approches du marketing social, comme le nudge : disposition des aliments pour inciter à des choix plus sains, étiquetage nutritionnel simplifié, adaptation des tailles de portions, … Le programme Vivons en Forme ou le projet Opti Courses sont des exemples inspirants.
Quelles opportunités pour les acteurs de l’alimentation et la santé ?
Les acteurs de l’alimentation, la nutrition ou la santé peuvent agir à leur échelle. Par exemple :
- Définir des stratégies adaptées par région, qui prennent en compte les enjeux nutritionnels et environnementaux locaux.
- Mettre en place des actions de sensibilisation en utilisant les outils du marketing social, en ciblant précisément la population cible, et co-construisant le programme avec elle.
- Apporter de la pédagogie auprès des consommateurs sur les systèmes de notations utilisés, voire aller jusqu’à des partenariats avec ces acteurs. Ainsi, Roche Diabetes Care a lancé une application pour les diabétiques en partenariat avec Innit.
- Participer à des groupes de travail ou des consortiums entre différents acteurs de la filière (ex : Consumer Good Forum).
- Former les professionnels de santé sur les sujets de nutrition.
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[1] étude Agrotec – Pôle aliments & Santé – « Sensibilité et attentes alimentaires », 2021
[2] Global dietary quality in 185 countries from 1990 to 2018 show wide differences by nation, age, education, and urbanicity – V. Miller & Al – Nature Food, 2022