L’un des enjeux majeurs des acteurs de la nutrition en 2023 est la promotion d’une alimentation plus saine et plus durable. De nombreuses actions sont déjà mises en place, malheureusement ces dernières ne sont pas suffisantes. En effet, bien que moins confrontée au surpoids ou à l’obésité que nos voisins européens, la France n’échappe pas à une augmentation des apports caloriques ainsi qu’une répartition de ces derniers très déséquilibrée[1] pour la population. C’est pourquoi il est essentiel de se pencher sur des actions de promotion de l’alimentation adaptées et efficaces.
L’impact du statut socio-économique sur les stratégies de promotion
Mise en avant des variations de comportement alimentaire selon le statut socio-économique au travers d’une étude
Une étude[2] réalisée en Belgique en décembre dernier a mis en avant la place que peut avoir le statut socio-économique dans les choix alimentaires et l’efficacité des actions de promotion d’une alimentation plus saine.
En partant du principe que les parents sont, dans une famille, les acteurs principaux modelant le comportement alimentaire, l’étude a été menée sur des parents de différents types de statuts socio-économiques. À la suite de nombreux entretiens, des tendances sont ressorties.
- Les parents ayant un statut socio-économique plus élevé sont plutôt impactés par les interventions via les plateformes d’achat alimentaire en ligne ou dans les magasins.
- Les parents avec un statut socio-économique moins élevé ne tiennent pas ou peu compte des recommandations en ligne ou en magasin car ils privilégient le prix des aliments pour leurs choix.
- Aucun des deux groupes de parents n’est vraiment convaincu par les applications proposant des recettes saines, liées à des listes de course.
- Tous les parents sont intéressés par les offres de box de repas livrées à domicile, autant pour le gain de temps, la facilité d’utilisation ainsi que l’inspiration pour d’autres repas que cela apporte. Cependant les familles avec un statut socio-économique plus faible ne peuvent pas se permettre financièrement de profiter de ce type de solution.
Les causes de ces variations
Le statut socio-économique est difficile à mesurer clairement, cependant les indicateurs le plus souvent utilisés sont l’éducation, les revenus et la profession. En effet, ces trois indicateurs sont étroitement liés : l’éducation d’une personne va influer sur sa profession, et cette dernière définira un revenu. Cependant ces trois éléments ne sont pas fixes au cours de la vie et présentent certaines limites, ce qui rend assez incertain le classement de certaines personnes pour un statut socio-économique donné.
Ce qui va influer sur l’efficacité de la promotion d’une alimentation plus saine sera souvent le revenu. En effet, si des types aliments sont mis en avant mais trop coûteux, au point de devoir être consommés aux dépens de certains repas, la solution n’est pas adaptée.
Des personnes avec un statut socio-économique vraiment différents, n’auront pas forcément les mêmes connaissances initiales concernant l’alimentation. Ils ne réaliseront pas leurs achats aux mêmes endroits, ne passeront pas autant de temps à choisir leurs repas.
Finalement, une action de promotion efficace, saura s’adapter au budget, temps et connaissances de son public.
De nombreux acteurs dans la promotion d’une alimentation plus saine en France
En France, de nombreux acteurs ont leur rôle à jouer dans la mise en place d’actions de promotion adaptées.
Parmi eux les acteurs publics (Direction Générale de la Santé (DGS), Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), Direction générale de l’alimentation (DGAL), L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments ( AFSSA), L’Unité de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (USEN), Conseil National de l’alimentation (CNA), Agence régionale de santé (ARS)) qui suivent notamment les recommandations et sujets soulevés dans le Programme national pour l’alimentation (PNA, 2010) et le Plan National nutrition santé (PNNS, 2001). Ces derniers forment le PNAN, sujet que vous pouvez approfondir ici.
Il y a également des acteurs privés, qui, par leur produit ou service, participeront à la promotion d’une alimentation plus saine. On retrouve par exemple Yuka, qui facilite la compréhension des étiquettes nutritionnelles, Appétoque qui propose des aliments gourmands et sains pour les seniors, Paupiettes qui propose des plats enfants prêts à déguster, ou encore Rutabago qui livre des box bio responsables à domicile.
Certaines entreprises permettent à tous d’accéder à une alimentation plus saine malgré des budgets limités. On pense notamment à Bene Bono, une entreprise qui lutte contre le gaspillage en proposant des légumes moins beaux, directement des producteurs et donc moins cher !
Finalement, la promotion d’une alimentation plus saine est nécessaire auprès des Français et de nombreux organismes et entreprises y participent. Certains favorisent la compréhension de la nutrition, d’autres facilitent son accès pour tous ; de nombreux moyens existent pour agir. Ce qu’il faut garder à l’esprit pour développer une bonne stratégie de promotion de la nutrition, est qu’il est essentiel de s’adapter à son public. En prenant en compte sa culture, ses habitudes et plus particulièrement, son statut socio-économique, qui peu influer plus qu’il n’y paraît sur ces choix alimentaires.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet de la précarité alimentaire, découvrez ces articles :
- Les acteurs agro-alimentaires et l’aide alimentaire
- Face à la précarité alimentaire des écoliers, la France s’engage (culture-nutrition.com)
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Un article rédigé avec Ségolène du Cleuziou, assistante chef de projet. Merci à elle !
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[1] Rapport pour une alimentation saine et durable – France Stratégie – 2021
[2] Stratégies d’intervention pour promouvoir des choix alimentaires sains et durables chez les parents ayant un statut socioéconomique inférieur ou élevé – Marjolijn Vos – 2022
