L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a publié en février dernier un communiqué sur la prévalence de l’obésité en France. La conclusion est sans appel et apparaît en gros titre dans de nombreux médias : « Obésité et surpoids, près d’un français sur deux concerné ». Les chiffres ressortant sont inquiétants et méritent de s’interroger. D’après l’OMS, depuis 1975, le nombre de cas d’obésité a presque triplé à l’échelle planétaire. L’occasion de dresser un état des lieux autour du sujet : causes, conséquences, prise en charge, chiffres clés.
L’obésité, un problème d’équilibre
Quelques définitions avant de parler de prévalence de l’obésité
Selon l’INSERM, l’obésité correspond à « un excès de masse grasse et à une modification du tissu adipeux, entraînant des inconvénients pour la santé et pouvant réduire l’espérance de vie. »
Reconnue par l’OMS comme une maladie chronique depuis 1997, l’obésité est établie en fonction de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) ainsi que de la mesure du tour de taille. Une personne est en surpoids avec un IMC supérieur à 25, et en obésité si celui-ci dépasse les 30 kg/m2. On parle d’obésité abdominale lorsque le tour de taille est supérieur à 100 cm chez l’homme et à 88 cm chez la femme.[1]
Les causes de l’obésité
De nombreux facteurs de développement peuvent en être à l’origine. A titre d’exemple, on peut noter, à l’échelle de la société, des changements alimentaires tels que l’ultra-transformation des aliments, l’augmentation des portions et la consommation en excès de plats industriels. Ces éléments favorisent la croissance calorique des populations. De plus, au travail, dans les loisirs ou dans les transports au quotidien, l’activité physique est limitée, ce qui mène à une sédentarité accrue.
Cependant, si ces facteurs influencent l’état nutritionnel général, ils n’impactent pas de la même manière tous les individus. D’autres éléments vont entrer en compte : prédispositions génétiques, horloge biologique, stress, virus et médicaments ou encore composition du microbiote intestinal.
D’autres facteurs de risque identifiés sont ceux apparaissant lors d’une grossesse : diabète, prise de poids, troubles de la croissance du fœtus.
L’obésité liée à de nombreuses pathologies
L’obésité est une maladie, qui peut aussi entraîner d’autres troubles de santé comme :
- Diabète de type 2 : avec l’obésité, l’insuline n’agit plus correctement, ce qui provoque une augmentation de la concentration de glucose dans le sang et une hyperglycémie
- Maladies respiratoires : syndrome d’apnée du sommeil, hypoventilation
- Troubles hormonaux : perturbation des cycles menstruels chez la femme
- Maladies articulaires : arthrose
- Hypertension artérielle,
- Athérosclérose,
- Dyslipidémie,
- Maladies du foie : stéatohépatite non-alcoolique
- Maladies rénales chroniques
- Cancers : endomètre, sein, ovaires, prostate, foie, vésicule biliaire, rein, colon…
- Reflux gastroœsophagien
- Problèmes dermatologiques : mycoses, ou psoriasis
- Insuffisances veineuses cutanées.
De plus, il est essentiel de mentionner les conséquences non pas uniquement physiologiques, mais également psychologiques et sociales. Du fait d’un « culte de la minceur » dans notre société actuelle, et de l’incompréhension et l’ignorance des enjeux de cette maladie, les personnes atteintes d’obésité sont fortement confrontées au harcèlement. Un harcèlement au sein du cadre privé, mais également professionnel, qui peut avoir des conséquences sur la guérison du patient. Une bonne nouvelle cependant, les mœurs et perceptions évoluent, comme en témoigne notamment la tendance du « No tabou ». Nous en parlions notamment lors d’une campagne contre les préjugés de Novo Nordisk en 2022.
La prévalence de l’obésité en France
L’INSERM publie en février 2023 un rapport[2] sur l’état des lieux de l’obésité et le surpoids en France. On y apprend que 47,3 % des Français sont en excès de poids, avec une prévalence de l’obésité de 17 % contre 8,5 % en 1997 et 15 % en 2012.
Les jeunes sont plus touchés par une augmentation de l’obésité
Les Français plus âgés sont plus touchés par l’obésité : 57,3 % des 65 ans et plus, contre 23,2 % des 18-24 ans. Cependant, c’est dans les tranches d’âge les plus jeunes que la prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter, tandis qu’elle ralenti chez les plus âgés. Entre 2000 et 2020, elle augmente de 6,6 % chez les 18-24 ans puis diminue pour finalement ne progresser que de 3,9 % au total chez les 55-64 ans.
Le sexe des individus semble également lié à l’obésité. En effet, les hommes sont plus en surpoids que les femmes (36,9 % contre 23,9 % en 2020) mais ces dernières présentent une plus grande prévalence d’obésité que les hommes (17,4 % contre 16,7 % en 2020).
La prévalence de l’obésité demeure majoritaire dans le Nord et le Nord-Est de la France
Depuis 2012, la prévalence de l’obésité a augmenté partout en France. Outre l’Ile-de-France et les Pays-de-la-Loire, qui présentent la prévalence la plus basse (respectivement 14,2 % et 14,4 %), on observe une baisse du gradient des prévalences quand on passe des régions Nord aux régions Sud de la France.
L’impact de la catégorie socio-professionnelle
Bien qu’en augmentation pour toute la population, le surpoids et l’obésité ne touchent pas de la même manière les différentes catégories socio professionnelles.
Les ouvriers sont touchés à 51,1 % par le surpoids et 18 % par l’obésité, contre 35 % de surpoids et 9,9 % d’obésité chez les cadres.
De multiples prises en charge possibles pour une prévalence de l’obésité moindre
La prise en charge thérapeutique de l’obésité est essentielle pour améliorer l’état de santé globale. Comme pour toute maladie chronique, différents facteurs, variables selon l’individu et l’environnement, impacteront la prise en charge et l’objectif d’une perte de poids durable. Les complications associées sont également à prendre en compte lors de la mise en place d’un plan de prise en charge. Seuls les professionnels de santé peuvent accompagner les patients.
Ces professionnels travaillent sur le comportement alimentaire (éducation nutritionnelle), l’activité physique et la sédentarité, le sommeil, des difficultés psychologiques ou encore un aspect comportemental et cognitif en cas de troubles du comportement alimentaire.
Si cette prise en charge n’est pas suffisante, il existe des approches médicamenteuses ou chirurgicales, pour les formes sévères avec complications. C’est le cas par exemple de la chirurgie bariatrique, ou des méthodes endoscopiques. .
Les causes et conséquences variées de l’obésité induisent de nombreux enjeux de recherche d’un point de vue scientifique et sociétal. De plus, cette maladie doit être traitée tant par une prise en charge adaptée que par une prévention efficace, pour limiter l’apparition de nouveaux cas en excès de poids, et ralentir le passage du statut de surpoids à obèse, qui est la problématique majeure actuelle.
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Un article rédigé avec Ségolène du Cleuziou, assistante chef de projet. Merci à elle !
[1] Obésité ⋅ Inserm, La science pour la santé
[2] Obésité et surpoids : près d’un Français sur deux concerné. État des lieux, prévention et solutions thérapeutiques – Salle de presse de l’Inserm
Sources : INSERM, HAS, Ameli
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