La critique du label HVE n’est pas nouvelle. Depuis sa mise en place en 2011 cette certification fait face à de nombreuses critiques. Malgré les révisions du gouvernement pour durcir les conditions de certification, un collectif s’est formé pour déposer une requête devant le conseil d’état, reprochant notamment la tromperie du consommateur.
Label HVE, de quoi parle-t-on ?
Le label HVE (Haute Valeur Environnementale) a été mis en place en France en 2011. La loi française indique qu’il est construit dans le but de « promouvoir et revaloriser les modes de production agricoles particulièrement respectueuses de l’environnement« [1]. Plus précisément, il permet de garantir des pratiques agricoles permettant de préserver l’écosystème naturel et réduire au minimum la pression sur l’environnement. Il prend en compte plusieurs critères tels que le sol, l’eau et la biodiversité.
Sur le papier, cette certification est donc décernée aux exploitations agricoles étant parvenues à mettre en œuvre des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. A noter qu’aujourd’hui, le secteur de la viticulture représente 70 % des exploitations certifiées HVE.
De plus en plus d’exploitations agricoles accordent de l’importance à ce label soit pour des raisons de protection de l’environnement… Soit pour des raisons marketing. En quelques années, le nombre d’exploitations agricoles certifiées HVE a fortement augmenté selon les chiffres du Gouvernement. Un déploiement rapide qui soulève des interrogations, et la critique du label HVE.
Comment fonctionne le label ?
Dans les grandes lignes, l’obtention du label HVE de fait par un calcul de points à l’échelle de l’exploitation, sur 4 critères différents : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de la ressource en eau. Certaines pratiques agricoles font donc gagner des points là ou d’autres en font perdre.
Première limite du label HVE, seule la moyenne générale compte dans l’acquisition de la certification… De la même façon qu’un élève peut avoir raté beaucoup d’examens, mais qu’il a des bonnes notes par ailleurs, il peut quand même éviter le redoublement ! Un système de compensation qui permet donc de masquer certaines lacunes, contrairement au label « Agriculture Biologique » qui oblige d’être performant sur tous les points.
La critique du label HVE
Un collectif composé d’associations de consommateurs, de défense de l’environnement et de la santé, d’agriculteurs ou d’entreprises biologiques[2] s’est formé pour faire la critique du label HVE. Ils tentent actuellement de faire pression sur le gouvernement en dénonçant un cahier des charges trop laxiste et un manque d’exigence qui ne permet pas d’avoir un impact environnemental réel. Selon ce collectif, le label HVE ne tiendrait pas ses promesses et certaines entreprises chercheraient à profiter de son image positive.
Cette critique du label HVE a donc conduit à des recours devant le Conseil d’État pour :
- Montrer que la promesse d’excellence environnementale sous-entendue par le nom du label n’est pas respectée
- Stopper le greenwashing de certaines entreprises
- Faire reconnaître la tromperie du consommateur
Le collectif s’appuie sur plusieurs études
Des études produites par l’Office Français de la Biodiversité et l’IDDRI[3] ont montré que le niveau d’exigence du label HVE n’était pas plus élevé que la moyenne des pratiques agricoles françaises.
Une révision du gouvernement a été adoptée en 2022. Mais là encore, l’Office Français de la Biodiversité, lors de la publication de sa révision[4], estime que les modifications faites ne sont pas celles attendues si le gouvernement souhaite améliorer le label d’un point de vue environnemental. Par exemple, l’utilisation d’intrants chimiques reste autorisée. Pour l’anecdote, avant sa révision, le label imposait même que l’achat d’intrants ne dépasse pas 30 % du chiffre d’affaires de l’exploitation, or les exploitations viticoles n’en consacrent en moyenne que 14%…[5]
« Le label HVE trompe le consommateur »
Un autre élément mis en avant par l’UFC-que choisir est la tromperie du consommateur. L’association s’appuie pour cela sur l’enquête réalisée par Interfel en 2022[6] :
- 55 % des personnes interrogées pensent que le label HVE est soumis à un cahier des charges strict
- 48 % que les fruits et légumes HVE sont strictement contrôlés
- 44 % qu’on peut faire entièrement confiance aux fruits et légumes HVE
Selon l’association, les consommateurs surestiment les impacts qu’a réellement le label sur l’environnement et leur santé.
De son côté le gouvernement se défend d’avoir mis en place une réforme à la fois stricte mais atteignable. Mais c’est bien ce côté atteignable qui pose problème pour le collectif, car le label peut être obtenu via une modification majeure des pratiques agricoles. Selon eux, le label n’est pas suffisamment ambitieux pour réellement sélectionner des exploitations respectueuses de l’environnement et trompe donc le consommateur.
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Un article rédigé avec Brice Poitau, assistant chef de projet. Merci à lui !
Crédits photos : #298494604 – piyaset – stock.adobe.com
[1] Article L611-6 du code rural
[2] UFC-Que Choisir, Générations Futures, Agir Pour l’Environnement, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) , Syndicat National des entreprises de l’agroalimentaire bio (Synabio), Bio consom’acteurs, Réseau Environnement Santé
[3] La certification Haute Valeur dans la PAC. 2021
[4] Évaluation des performances environnementales de la certification haute valeur environnementale (HVE), Synthèse des résultats, Octobre 2022
[5] La certification agricole « HVE » sous le feu d’une nouvelle critique, Le Monde, Mai 2021
[6] Enquête Ecozept pour Interfel d’octobre 2022.