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fruits et légumes déclassés moches

[MAJ] Les fruits et légumes déclassés ne comptent plus pour des prunes

Mise à jour du 28/09/2023

Dans ce panorama des acteurs qui luttent contre le gaspillage alimentaire des fruits et légumes, Atypique est le premier cité et passe à nouveau à la Une. La startup a en effet réalisé une levée de fonds de 2,1 millions d’euros en septembre 2023. Les objectifs sont affichés pour 2024 : ouverture de six nouveaux entrepôts à travers la France et passage à 80 salariés, avant un déploiement à l’échelle européenne à l’horizon 2025.

Publication initiale du 23/05/2023

Ils sont les grands oubliés de la grande consommation, les fruits et légumes déclassés. Parce qu’ils ne correspondent pas aux normes esthétiques guidées par des systèmes de calibrages, les fruits et légumes déclassés rejoignent les rangs du gaspillage alimentaire : 11 % de la production se retrouve ainsi dans la poubelle des déchets alimentaires. Un destin funeste qui n’est pas du goût de ces acteurs qui leur offrent un avenir : voici quatre d’entre eux, acteurs à diverses étapes de la chaîne, de la production à la distribution, en passant par la transformation et la cosmétique.

Sauver les fruits et légumes déclassés pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Dix millions de tonnes de produits alimentaires sont gaspillées chaque année en France, pour une valeur de 16 milliards d’euros : voici les chiffres officiels publiés par le Ministère de la transition écologique en janvier 2023. Ce gaspillage alimentaire est un sport national dans les foyers français, où la majorité du gaspillage global a lieu : 30 kg de nourriture par personne et par an sont ainsi jetés à la poubelle, et les fruits représentent 13 % de ce gaspillage. Des fruits achetés majoritairement dans les circuits de distribution type GMS (61 % des Français achètent leurs fruits et légumes en supermarché, selon une enquête de Too Good to Go), quand les fruits déclassés finissent en déchets alimentaires à l’issue de la phase de production.

Production : comment Atypique sauve les fruits et légumes déclassés

Fondée en 2021, Atypique s’est fixée pour ambition de devenir le référent de la lutte contre le gaspillage alimentaire à la source. Et c’est plutôt pas mal parti : 1 000 tonnes de fruits et légumes déclassés ont été sauvées depuis la création de l’entreprise. Elle compte aujourd’hui plus de 500 clients et une centaine de fournisseurs.
Atypique propose ainsi quatre types de fruits et légumes déclassés : issus d’excédents de récolte, avec des défauts de forme, avec des défauts esthétiques et hors calibre (trop gros, trop petits).
Premier grossiste en la matière, Atypique achète en direct auprès des producteurs et livre aux professionnels de la restauration, collective et commerciale. Pour cela, la jeune entreprise est déjà dotée de deux entrepôts, à Lyon et à Paris.

fruits et légumes déclassés

Simon et Thibaut, cofondateurs d’Atypique en 2021, emploient aujourd’hui 16 personnes à Lyon.

Transformation : l’imperfection comme source d’inspiration

Nos jardins imparfaits ne laissent pas non plus la moindre chance au gaspillage, particulièrement des fruits déclassés. Fondé en 2018 par Amandine et Tristan dans le Jura, Nos jardins imparfaits produit ses propres fruits en agroécologie, que les fondateurs définissent comme « une agriculture ou les mauvaises herbes n’existent pas (…) vive les fruits moches et tordus ! » Des vergers – où sont cultivées 14 variétés de fruits, légumes et végétaux – à leur atelier de fabrication, les fruits sont abordés dans leur dimension écologique, éthique et organoleptique. Et, non, l’esthétique ne fait évidemment pas partie de cette liste.

Nos jardins imparfaits commercialise ses produits finis, des confitures et gelées aux alliages originaux, comme Fraise-Framboise-Oeillet d’Inde, et des nectars et jus aux compositions attrayantes, le tout via son e-shop mais aussi chez 124 revendeurs en France métropolitaine.

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Distribution : Bene Bono, les bio paniers de fruits et légumes moches

Les fondateurs de Bene Bono sont partis d’un constat : 3/4 des Français jugent le bio inaccessible (d’après une enquête Que Choisir de 2019), 18 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté (Insee, 2021) et 10 millions de tonnes de produits sont gaspillées chaque année en France.
En 2020, Claire Laurent, Sven Ripoche et Grégoire Carlier ont créé Bene Bono pour « permettre aux agriculteurs français de commercialiser leurs fruits et légumes BIO refusés par les circuits traditionnels pour des raisons esthétiques« .
Initié en région parisienne, Bene Bono s’étend depuis dans toute la France : région lyonnaise, lilloise, marseillaise, bordelaise, les paniers de fruits et légumes déclassés sont composés à partir des invendus de producteurs locaux. A date, la jeune entreprise revendique 971 657 kg de fruits et légumes sauvés, voilà qui pèse dans le marché !

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Cosmétique : Kadalys mise sur les bananes déclassées

Les fruits et légumes déclassés trouvent aussi une nouvelle vie dans l’univers de la cosmétique. Kadalys, marque créée en 2012 par Shirley Billot, est ainsi dédiée à la valorisation de la banane : « Nous donnons une seconde vie aux « bananes oubliées » en transformant les agros-déchets en actifs cosmétiques. »
L’univers de la cosmétique compte d’ailleurs des précurseurs en termes d’utilisations de ces fruits et légumes déclassés, avec Kadalys, donc, mais aussi la marque marseillaise Pulpe de Vie.

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Intermarché avait tenté le coup des fruits et légumes déclassés

Points communs entre ces quatre acteurs investis dans la démarche de valorisation des fruits et légumes déclassés : l’indépendance de leur démarche et la taille plutôt modeste de ces structures. A plus grosse échelle, l’enseigne Intermarché avait mené une campagne de vente de fruits et légumes moches qui a marqué les esprits en termes de communication.

fruits et légumes déclassés

Une campagne impactante mais une initiative extrêmement ciblée, puisqu’elle ne concernait qu’un magasin, celui de Provins (77), sur une période de 3 jours, le tout en… 2014. Le slogan des spots TV était « une belle idée contre le gaspillage ». Une belle idée qui n’a pas pris une ride, mais qui n’a pas non plus pris d’ampleur en GMS, où les fruits et légumes en rayons sont sélectionnés selon leur catégorie de classification édictée par les normes européennes. Extra et catégorie 1 pour les plus fréquents, voire catégorie 2.

Les normes de commercialisation des fruits et légumes déclassés sont dans l’actualité (et ça risque de durer)

Si la GMS ne s’empare pas plus des fruits et légumes déclassés, c’est aussi parce que ces derniers sont exclus de la commercialisation en raison de leur classification en catégorie 3 ou 4. Et ces fruits et légumes moches font, actuellement, l’objet d’un débat de fond.
Le 21 avril dernier, la Commission européenne a ainsi exposé sa proposition d’exemption des normes de commercialisation pour les fruits et légumes moches pour la vente en direct des producteurs. Argument avancé par la CE : « Leur valorisation dans leur état « frais » pourrait offrir aux consommateurs davantage de possibilités d’acheter des fruits et légumes frais à des prix plus abordables et bénéficier aux producteurs actifs dans les circuits courts ».

Une proposition qui provoque l’ire de Freshfel, l’association européenne des produits frais, qui défend les produits frais « pratiques », soit les fruits et légumes déclassés de catégorie 4 commercialisés sous forme prédécoupée, comme le détaille cet article de Réussir.fr.

Dans un sens ou dans l’autre, les fruits et légumes déclassés n’ont pas fini de faire parler d’eux : tendons l’oreille.

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