Anne-Claire, vous êtes Responsable Nutrition chez HappyVore, quel est concrètement votre rôle ?
Je suis diplômée d’AgroParisTech, et le fil rouge de mon expérience professionnelle est le lien entre alimentation et santé dans des structures diverses (en passant par les Laboratoires Juvamine, Laboratoires SuperDiet, Culture Sucres, AG2R La Mondiale…). J’ai rejoint HappyVore en 2022, séduite par le projet de l’entreprise d’aider les consommateurs à végétaliser leur alimentation tout en se faisant plaisir. Concrètement, je travaille avec le marketing et la R&D sur les sujets de nutrition : de l’optimisation de nos recettes jusqu’aux allégations figurant sur l’emballage (et quelques sujets annexes liés à la règlementation, la veille ou encore les brevets).
Les produits HappyVore font du bruit et gagnent chaque année en notoriété. Quel est, selon vous, le secret de cette popularité ?
Le secret n’est pas très bien gardĂ© : nos produits sont bons au goĂ»t, bons pour la santĂ© – nous aurons l’occasion d’en reparler – et meilleurs pour l’environnement.
En dehors des produits, nous cultivons le dialogue avec la formidable communautĂ© de nos consommateurs grâce Ă une communication spontanĂ©e, ancrĂ©e dans le quotidien et un ton sympa – d’ailleurs, n’hĂ©sitez pas Ă envoyer des mots doux Ă notre community manager. Nous organisons rĂ©gulièrement des dĂ©gustations en magasins mais aussi lors d’évĂ©nements sportifs ou en festivals. En effet, le goĂ»t est le principal frein Ă la consommation de cette catĂ©gorie de produits.
De plus, beaucoup de consommateurs sont heureux de trouver une façon simple et pratique de diversifier leur alimentation vers plus de végétal. Cela leur permet de réduire l’impact environnemental de leur alimentation. D’après une analyse de cycle de vie réalisée en 2022 par le cabinet AgroSolutions, nos produits émettent en moyenne 12 fois moins de CO2 que leur équivalent carné.
Et petit bonus en cette période d’inflation, nous avons pu baisser depuis 2 ans le prix de nos produits de 10 à 15% grâce aux économies d’échelle et à notre usine de Chevilly, près d’Orléans !
Comme tout produit alimentaire, deux facteurs essentiels coexistent : le goût et les enjeux nutritionnels. Chez HappyVore, où placez vous le curseur lorsque vous développez vos produits ?
Effectivement, les deux points sont essentiels nous avons choisi de ne pas faire de concession.
Chez HappyVore, il nous tient à cœur de proposer des produits :
- Très gourmands : formulés par une équipe R&D de choc mais aussi en s’appuyant sur l’aide de grands chefs et sur l’avis de panels de consommateurs. Les recettes sont testées de nombreuses fois avant d’arriver sur le marché et sont régulièrement rénovées pour rester les meilleures du marché.
- Sains : nos produits sont au minimum sources de protĂ©ines et fibres et gĂ©nĂ©ralement d’autres nutriments – du fer pour les produits remplaçant la viande rouge, des omĂ©ga 3 pour les saucisses de la gamme, etc. – Nutri-Score A (16 produits sur 17) et verts sur Yuka.
Et si on se parlait restauration hors foyer ? Il s’agit d’un secteur très stratégique pour vous, d’autant que la règlementation va dans le sens de la végétalisation des menus. Quels sont les attentes de ce secteur vis-à -vis de vos produits ?
Aujourd’hui, les produits HappyVore sont principalement commercialisés en grandes et moyennes surfaces mais nous sommes présents dans plus de 2 000 restaurants. Effectivement, la végétalisation de l’alimentation est un enjeu majeur pour la restauration, avec des attentes assez différentes selon les canaux.
En restauration collective, il y a une forte contrainte de prix, encore plus marquée en cette période d’inflation. Si la loi Egalim a effectivement permis la généralisation d’un repas végétarien par semaine, elle ne valorise pas spécialement les produits à base de protéines végétales, contrairement aux labels type IGP, AOP, label rouge, pêche durable… Nous travaillons dur pour intégrer ce circuit et proposer des alternatives végétales au plus grand nombre au quotidien.
La restauration commerciale attend des produits savoureux et faciles Ă mettre en Ĺ“uvre – cuisson rapide voire produits prĂŞts Ă consommer – d’oĂą la prĂ©sence des produits HappyVore dans de nombreuses enseignes.
Y a-t-il des freins particuliers que vous rencontrez sur ce secteur ?
Oui, dans les deux cas, il faut arriver Ă changer les habitudes et les rĂ©fĂ©rentiels et ça prend du temps ! Nutritionnellement, il faut aussi dĂ©fendre le fait de penser autrement qu’avec la viande. Par exemple, pour Ă©valuer la qualitĂ© nutritionnelle d’une alternative vĂ©gĂ©tales, la restauration collective raisonne traditionnellement avec un indicateur : le ratio protĂ©ines sur lipides – Ă©galement appelĂ© P/L . Ce dernier doit ĂŞtre supĂ©rieur Ă 1, ce qui est pertinent pour de la viande puisqu’il faut veiller Ă apporter davantage de protĂ©ines que de matières grasses animales riches en acides gras saturĂ©s. Pour des alternatives vĂ©gĂ©tales riches en omĂ©ga 3 – de « bonnes graisses » donc – ce ratio n’est pas adaptĂ© et ne dit rien de leur qualitĂ©.
HappyVore a déjà la tête dans les étoiles, quels sont vos projets pour atteindre la lune ?
A dĂ©faut d’atteindre la lune, on vise dĂ©jĂ d’amĂ©liorer notre impact sur la Terre et ça risque de nous occuper longtemps… Il y a encore beaucoup de projets en cours, autant sur le dĂ©veloppement de nouveaux produits que sur des sujets d’amĂ©lioration continue de nos produits existants – sourcing plus local, limitation des additifs, nouveaux process pour optimiser la texture et le goĂ»t, etc. – ou de dĂ©veloppement sur de nouveaux marchĂ©s.
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- Végéclic, le b.a.-ba de la nutrition végétale pour les professionnels de santé
- Philadelphia Ă©tend son plant based
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