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L’ultra-transformation au cœur des discussions et des actions

Il est impossible de nier la place désormais occupée par l’ultra-transformation dans l’alimentation à l’échelle mondiale. Cependant, en parallèle de cette acceptation dans les régimes, le nombre d’études alertant sur ses effets néfastes pour la santé ne cesse d’augmenter. Suffisamment pour enclencher une action ?

Une place importante dans les régimes alimentaires

La définition d’aliments ultra-transformés a émergé en 2009 avec les travaux sur la classification NOVA. Pour rappel, il s’agit d’aliments ayant subi des transformations physiques, chimiques ou biologiques par des procédés industriels ou un ajout d’additifs et/ou d’ingrédients réservés à l’usage industriel. En guise d’exemples, on peut considérer les catégories d’aliments suivantes :

  • Aliments peu ou pas transformés : fruits et légumes frais, riz, oeufs…
  • Aliments transformés : fromages, compote de fruits, pain frais, conserve de poisson …
  • Aliments ultra-transformés : sodas, soupes de légumes industrielles, pains industriels, cordons bleus etc.
Ultra-transformation

Cette liste permet de réaliser que les aliments de cette dernière catégorie ne sont pas rares dans l’alimentation. En effet, en France, les aliments ultra-transformés fourniraient 30 à 35 % des calories ingérées par les adultes et, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ils seraient responsable de plus de la moitié de l’apport énergétique. Ainsi, l’ultra-transformation est répandue dans les régimes à l’échelle mondiale.

Ultra-transformation et santé : un sujet qui intéresse la recherche

Une place aussi centrale dans l’alimentation ne pouvant pas passer inaperçue, l’ultra-transformation est aussi devenue un sujet de recherche important. Plusieurs dizaines d’études s’intéressent notamment à ses effets sur différents aspects de la santé.

Un risque accru de maladies cardiovasculaires

En août dernier, à l’occasion de la réunion annuelle de la Société Européenne de Cardiologie, deux nouvelles études ont été présentées. La première d’entre elles, réalisée avec 10 000 participantes sur 15 ans, montre que celles consommant la plus grande proportion d’aliments ultra-transformés sont 39 % plus susceptibles d’avoir une pression artérielle élevée, pouvant conduire à des dysfonctionnements cardiaques. La seconde étude, une méta-analyse réalisée avec plus de 300 000 hommes et femmes, a montré que les participants mangeant le plus d’ingrédients ultra-transformés sont 24 % plus susceptibles d’être sujets à des complications cardiovasculaires. Toutes deux aboutissent donc à des résultats très similaires : l’ultra-transformation augmente le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.

La découverte d’autres maladies aussi concernées

Plusieurs études antérieures avaient déjà établi la relation existante entre les aliments transformés et la santé. Cependant, de nouveaux liens, concernant davantage de maladies, sont encore établis aujourd’hui. Une méta-analyse chinoise a ainsi établi que la consommation d’aliments ultra-transformés pourrait augmenter le risque de développer un cancer, notamment digestif ou hormonal. L’étude est solide par les centaines de milliers de participants impliqués, toutefois ses résultats et les relations de causalité restent à confirmer.
Autre exemple, en Corée, c’est la santé mentale qu’une étude associe à l’ultra-transformation : elle serait liée à une augmentation de la dépression chez les femmes.

Le surpoids, un facteur de risque

Il est aussi reconnu que les aliments ultra-transformés favorisent la prise de poids et le surpoids. Ce constat peut être attribué à leur densité calorique élevée, leur composition en glucides et lipides ou encore, à leur appétence.
Cependant, cette relation n’est pas à négliger pour deux raisons. En premier lieu, avec près de la moitié des adultes Français concernés, le surpoids et l’obésité représentent aujourd’hui un enjeu de santé publique concernant une part toujours croissante d’adultes (et d’enfants) qu’il est donc urgent d’adresser. Par ailleurs, le surpoids peut être associé à un risque plus élevé de développer certaines maladies, dont les maladies cardiovasculaires ou cancers listés précédemment.

Vers un score d’ultra-transformation : une mise en œuvre compliquée

Les classifications NOVA et SIGA

La première classification concernant les aliments ultra-transformés a été établie en 2009 et révisée en 2016 par un ensemble de chercheurs de l’Université de São Paulo. Il s’agit de la classification NOVA dont le design est similaire au Nutri-Score. Cependant, ces quatre catégories sont rarement utilisées pour communiquer auprès du consommateur et sont plutôt appliquées par des instances publiques ou dans le cadre de travaux de recherche.

Classification NOVA


A partir de NOVA, une start-up française a créé la classification SIGA dont les catégories sont plus nombreuses et donc, plus précises. On y retrouve les notions d’équilibre et de gourmandise ajoutées au degré d’ultra-transformation. Cette classification a été majoritairement utilisée sur une application nutritionnelle du même nom (mais qui n’est plus téléchargeable aujourd’hui).

Classification SIGA

D’autres solutions d’évaluation du niveau d’ultra-transformation existent par ailleurs. C’est le cas de l’allégation Ingrédients Simples proposée par Goûm utilisée en ligne par les marques ou sur l’application ScanUp (donnant accès au Nutri-Score, Eco-Score et statut Ingrédients Simples des produits). Cependant, contrairement aux indications nutritionnelles, ces quelqus modes de communication ne sont pas encore très répandus et connus par les consommateurs.

Coupler nutrition et ultra-transformation

Actuellement, nutrition et ultra-transformation ne sont pas considérées conjointement en France : le concept d’ultra-transformation ne se retrouve dans aucun score nutritionnel, et le Nutri-Score ne fait pas exception à cette « règle ». Un produit ultra-transformé peut ainsi être porteur d’un Nutri-Score A ou B. Ce score étant censé être révisé régulièrement, Serge Hercberg, professeur de nutrition à l’université Paris-Sorbonne Nord à l’origine du Nutri-Score, a proposé d’y ajouter une bande noire visible afin d’y introduire la notion d’ultra-transformation. Cette idée a reçu le soutien de nombreux scientifiques.

Une telle solution a l’avantage d’utiliser un logo familier pour les consommateurs et qui a fait ses preuves. En effet, en 2021, 93 % des Français déclaraient connaitre le Nutri-Score et plus de 50 % avoir changé au moins une habitude d’achat grâce à lui. Dans un contexte de surinformation nutritionnelle, la confiance des consommateurs et l’absence de phase d’appropriation d’un nouveau score pourrait faire de cette proposition un levier d’action efficace.

D’autres pistes de mode d’action

Par la consommation excessive et les risques qui en découlent, l’ultra-transformation appelle une réaction urgente. Bien que la réduction des aliments ultra-transformés figure déjà dans la liste des recommandations du PNNS 4 et que la réflexion sur un score d’ultra-transformation soit proprement entamée, des actions complémentaires doivent être mises en place pour plus d’efficacité observée.

PNNS 4 - Ultratransformation

Réglementer le marketing

L’OMS recommande de mettre en place une régulation obligatoire du marketing de la malbouffe et des produits riches en acides gras saturés, trans, sucres libres et sel auprès des enfants. Une mesure plus stricte que les simples appels à des pratiques marketing responsables jusqu’ici émis. Pour beaucoup, les aliments-transformés rejoignent les caractéristiques des produits ciblés. Moins de commercialisation et moins de publicité peuvent mener à moins de consommation et donc à l’adoption de régimes alimentaires plus sains dès le plus jeune âge.

Jusqu’à la modification intrinsèque des modes de vie

Le succès des produits ultra-transformés vient en partie de leur praticité qui correspond totalement aux modes de vie actuels. Limiter l’ultra-transformation rime ainsi avec favoriser les produits bruts et faits-maison. Pour des consommateurs qui consacrent moins de temps à cuisiner ou qui mangent régulièrement sur le pouce, ce changement n’est pas facile à opérer. Pour autant, les initiatives à ce sujet semblent se multiplier :

  • Le Panier du Bon de Thierry Marx : un panier constitué de produits peu onéreux, de bonne qualité nutritionnelle et qui exclut les produits ultra-transformés.
  • Coco Cooking : une application mobile conçue sous forme ludique pour inciter au fait-maison.
  • Mes Meilleurs Menus : une association proposant chaque semaine des menus et les listes de course associées pour cuisiner et adopter une alimentation saine.
  • Potofo : un jeu de cartes utilisé par les professionnels de santé et de l’alimentation pour sensibiliser les patients de tout âge à l’ultra-transformation.

De tous types, ces initiatives ont ouvert la voie à la limitation de l’ultra-transformé. Si le sujet est encore au cœur des discussions, la phase d’action est déjà lancée !

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Tous les articles sont rédigés par l’équipe de Nutrikéo, le cabinet de conseil en innovation et l’agence de communication des projets qui œuvrent pour un monde en meilleure santé par la nutrition.
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