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Étude sur le Nutri-score : le retour de la santé au cœur du débat en 2024

Une nouvelle étude sur le Nutri-score à l’échelle européenne, publiée par The Lancet, confirme son lien avec les risques cardiovasculaires. De quoi replacer la santé au premier plan dans les discussions autour de la version mise à jour du Nutri-score en 2024.

Alimentation et risques cardiovasculaires : une étude sur le Nutri-score qui complète les précédentes

« Qualité nutritionnelle de l’alimentation caractérisée par le système de profilage Nutri-Score et risque de maladie cardiovasculaire : une étude prospective dans 7 pays européens » : voici la traduction française d’une nouvelle étude sur le Nutri-score parue début septembre dans le journal The Lancet, la prestigieuse revue britannique particulièrement reconnue dans le domaine de la santé.

Cette étude sur le Nutri-score regroupe les données collectées dans sept pays européens à partir de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Parmi les auteurs, on retrouve les scientifiques français de l’INSERM, de l’INRAE, du CNAM, de la Sorbonne, de l’Université Paris-Cité, mais aussi des experts européens du Centre International de la Recherche sur le Cancer de l’OMS. Serge Hercberg ainsi que Mathilde Touvier, deux chercheurs dont les noms riment avec Nutri-score, font partie des co-auteurs de cette étude.

Cette publication scientifique n’est pas la seule étude sur le Nutri-score et son lien avec la santé, notamment pour les risques cardiovasculaires, dont il est ici question. Elle rejoint en effet les plus de 140 articles déjà publiés en lien avec la pertinence du score. Cependant, cette nouvelle étude sur le Nutri-score présente des améliorations face aux recherches antérieures.

Dans un premier temps, les recherches sont basées sur la version 2024 du Nutri-score, référencée comme « uNS-NPS », face à la version initiale « FSA-NPS ». Rappelons qu’un Nutri-score qualifié de « bon », soit qui tend vers le vert, correspond à une note uPS-NPS faible.

De plus, l’échelle d’étude sur le Nutri-score est élargie à sept pays européens, l’occasion idéale pour prouver à la Commission Européenne l’importance d’une mise en place du score au sein de sa communauté.

Cette étude sur le Nutri-score le replace également au cœur de la stratégie « Farm to Fork » de l’Union Européenne, visant à rendre l’alimentation juste, bonne pour la santé et pour l’environnement.

Étude sur le Nutri-score : des conclusions peu surprenantes sur le lien entre « mauvais » score et santé

Comme nous le rappelle cette étude, les facteurs alimentaires sont estimés responsables à environ 30 % des maladies cardiovasculaires.[1] Mais qu’en est-il du lien avec le Nutri-score ?

Des études précédentes, basées sur la version FSA-NPS du score avaient déjà montré le lien entre un mauvais Nutri-score et des problèmes de santé comme la prise de poids, le syndrome métabolique ou la mortalité. Trois autres études avaient également étudié les relations entre Nutri-score et maladies cardiovasculaires, en prenant en compte les différents facteurs de risques. Toutefois, ces études avaient été menées sur des populations plutôt âgées et uniquement en France et en Espagne.

Les scientifiques avaient donc la volonté de montrer ces liens à une plus grande échelle, en Europe. Et c’est ce que les chercheurs ont réussi à faire. À partir d’une importante base de données, ils ont calculé les scores uNS-NPS moyens, tout en prenant en compte le pays, l’âge, les facteurs de risque comme le tabagisme, l’historique familial ou encore des ajustements sur les proportions de produits ultra-transformés consommés. Des interpolations ont pu être utilisées pour remplacer des données manquantes ou incomplètes, ce qui a pu être causé par des méthodes de collectes des données différentes d’un pays à un autre.

Cette étude sur le Nutri-score a finalement démontré qu’une consommation d’aliments avec un score en moyenne plus bas, c’est-à-dire « mauvais », était associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Ce sont notamment les risques d’infarctus du myocarde et d’AVC qui sont ressortis. D’autres éléments intéressants ont été relevés. Par exemple, le Nutri-score moyen des aliments consommés en Espagne et en Italie, des pays du sud de l’Europe, étaient meilleurs et donc avec un score uPS-NPS plus bas, que celui des pays du nord comme la Suède ou l’Allemagne.

Étude sur le Nutri-score : une collaboration européenne pour la santé

Alors que le Nutri-score est critiqué et que des marques décident de ne plus l’afficher, cette publication permet de replacer le score dans sa dimension de santé et ce à l’échelle de l’Europe. Les chercheurs et acteurs de la santé publique française insistent sur le fait que l’affichage de ce score doit être rendu obligatoire en Europe pour pouvoir être efficace.

Les experts rappellent également que l’alimentation est un domaine où il y a encore beaucoup à faire pour notre santé. Le Nutri-score tend également à être réévalué régulièrement. Par exemple, l’affichage d’un bandeau noir si le produit est ultra-transformé pourrait apparaître prochainement. De plus, d’autres indicateurs des qualités nutritionnelles des produits existent dans le monde, comme le « Health star rating » en Australie ou le système de feux tricolores au Royaume-Uni. Ces autres méthodes de calcul peuvent inspirer l’évolution du score.

En plus d’être relié à la santé, l’utilisation du Nutri-score semble être compatible avec les consommateurs. Une étude sur le Nutri-score publiée en 2024 a relevé que l’affichage du score sur les produits améliorait les choix alimentaires des consommateurs en activant des objectifs de santé et en améliorant la qualité nutritionnelle du panier moyen.

Au-delà du lien entre alimentation et santé, des recherches sont également menées – et attendues – sur l’impact environnemental de l’alimentation, sur l’accessibilité à une nutrition saine d’un point de vue économique ainsi que sur l’acceptation culturelle des changements de régimes alimentaires. La conférence du 19 septembre 2024 de MS Nutrition a d’ailleurs présenté des recherches en lien avec ces thématiques.

Alors que le lien entre santé et Nutri-score n’est plus à prouver, aucune obligation d’affichage n’a été mise en place, que ce soit en France ou en Europe. Cette toute récente étude sur le Nutri-score permettra peut-être d’accélérer la décision de la Commission Européenne, qui se fait toujours attendre en 2024. Comme l’a précisé, Mathilde Touvier, « ces résultats fournissent des éléments clés pour soutenir l’adoption du Nutri-Score comme logo nutritionnel obligatoire en Europe ».

Reste à communiquer sur la bonne utilisation de ce score et sa cohérence scientifique, ainsi qu’à prendre en compte l’avis des différentes marques, pour faciliter l’adoption du score à l’échelle nationale, voire européenne.

Un article rédigé avec Alice Boinet, assistante cheffe de projet chez Nutrikéo. Merci à elle !


[1] Roth, Gregory A., et al. « Global burden of cardiovascular diseases and risk factors, 1990–2019: update from the GBD 2019 study. » Journal of the American college of cardiology 76.25 (2020): 2982-3021.

Crédits photos : #615837697– ©Charlie’s – stock.adobe.com 

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