Les aliments ultra-transformés font la une des médias. Le Dr Anthony Fardet (Inra) y a beaucoup contribué avec son ouvrage « Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons vrai ! ». En décembre dernier, nous avons consacré un podcast à ce sujet, ainsi qu’un article suite à un position paper de l’Ania. Plus récemment, les scientifiques se sont attachés à démontrer les liens entre les aliments ultra-transformés et la santé. Ainsi, Cell Metabolism a publié une étude portant sur leur lien avec la gestion du poids [1]. Voici notre analyse des résultats.
Le design de l’étude Cell Metabolism : alternance entre aliments bruts et aliments ultra-transformés
Durant l’étude, les sujets ont été confrontés durant 2 semaines à des aliments ultra-transformés, et durant 2 semaines à des aliments bruts.
Les aliments ultra-transformés ont-ils un impact sur la quantité de calories ingérée ?
La réponse est oui. Voici ce que l’étude a démontré :
- Les sujets ont consommé plus de calories lorsqu’ils étaient exposés à des aliments ultra-transformés : 508 kcal en plus consommées chaque jour.
- La composition en nutriments de leur assiette a aussi changé. Les sujets ont consommé plus de glucides, à hauteur de 54 kcal par jour. Mais aussi plus de lipides avec 53 kcal par jour. Et moins de protéines : – 12 kcal par rapport à une alimentation composée de produits bruts.
Les aliments ultra-transformés ont-ils un impact sur la prise de poids ?
La réponse est oui également. Les sujets ont pris du poids lorsqu’ils consommaient des aliments ultra-transformés : 0,9 ± 0,3 kg en 2 semaines. Ils en ont perdu lorsqu’ils consommaient des aliments bruts.
L’étude montre donc une augmentation du poids des sujets qui ont consommé une alimentation ultra-transformée, corrélée à une augmentation des calories ingérées chaque jour. On peut interpréter ce résultat de la manière suivante :
- Les aliments ultra-transformés ont une densité calorique plus élevée.
- Ils apportent plus de glucides et de lipides (vs moins de protéines) comme le démontre la variation de la composition en nutriments de l’assiette.
- Enfin, ils sont peut-être plus appétents, ce qui pousse à ingérer de plus grandes quantités.
L’étude ne porte pas sur l’effet matrice défendu par Anthony Fardet, il n’y a donc pas de connaissances nouvelles sur ce point.
Les aliments ultra-transformés comme nouvelle classification ?
« Classer » les aliments constitue l’un des challenges du moment dans l’univers agroalimentaire, l’objectif étant de faciliter le choix du consommateur. UFC-Que Choisir va développer sa propre application basée sur le Nutri-Score, l’application Yuka compte des millions d’utilisateurs, et la transformation des aliments est en passe de devenir un système de classification qui compte. A ce titre, le système Siga a bénéficié d’une levée de fonds d’ 1 million d’euros auprès du fonds d’investissement Newfund et de la BPI. Le degré de transformation devrait donc faire partie des critères de segmentation des aliments dans les prochaines années.
[1] Hall KD. Ultra-Processed Diets Cause Excess Calorie Intake and Weight Gain: An Inpatient Randomized Controlled Trial of Ad Libitum Food Intake. Cell Metabolism, 2019.